Détention jusqu’à ce que l’on vous informe par documents officiels de ses infractions avouées



La mère de l’étudiante Nguyen Phuong Uyen, Mme Nguyen Thi Nhung arrive à Saigon dans la profonde angoisse de suivre les traces de sa fille. En discutant avec nous, elle ne peut tenir ses larmes en parlant de son enfant. « A la maison, elle m’a dit de ne pas acheter les produits chinois. Elle écrit dans mon carnet les codes-barres de ses produits pour que je ne les oublie pas. Ces derniers jours, je ne pense qu’à elle à chaque fois je vois mon carnet. Sa grande-mère est pour le moment au service d’urgence à l’hopital suite d’un problème du valve cardiaque. Je n’ose pas lui dire la vérité. Je lui explique qu’elle est encore en examen. Or, en réalité, je ne sais pas où elle est» 

Nous ramenons Mme Nguyen dans le logement de sa fille Uyen, une petite chambre d’environ 15m2 se situant dans un passage sur la rue de Duong Duc Hien, arrondissement Tan Phu de Sai Gon. Ici, nous avons rencontré Phuong, la colocataire de Uyen. Phuong fait partie de trois colocataires qui ont été convoqués par la police de l’arrondissement le 14 Octobre dernier, pour une interrogation de plus de 7h, dont l’objet a été de connaître les activités quotidiennes de Uyen. « Je leur ai demandé quelle infraction ou quel crime que Uyen a commis? Ils ne m’ont pas répondu. A la place, ils m’ont dit de ne pas informer de quoi que ce soit à sa famille. Quand je suis de retour pour apporter à Uyen quelques nourritures, ils m’ont interdit de la voir » nous raconte Phuong. 

Deux jours après, une personne s’est présentée au logement des étudiantes avec une carte de police municipale portant le nom de Phong. Il a confisqué l’appareil photo de Uyen, ses affaires personnels ainsi que ses quelques écrits. Phuong a profité pour demander la situation de Uyen. M. Phong a répondu qu’elle est provisoirement gardée pour être interrogée par des policières. Pour cette raison, elle ne va pas rentrer dans les jours qui viennent. M. Phong a également laissé son numéro à Phuong, et lui dit de lui tenir informer dès qu’elle connaît quelques d’autres choses. 

«Je lui ai demandé quand Uyen sera relachée ? M. Phong a répondu que la détention durera jusqu’à ce que l’on trouve les infractions. On informera la famille à ce moment là. » raconte Phuong. 

En parlant de Uyen, Phuong nous dit “Je la connais grâce à une annonce de recherche de collocataire. Elle est très synmpathique. Depuis un an et demi de collocation, jamais nous avons eu de problème. Elle est brillante dans ses études. M. Phong (le policier) a même fait des compliments quand il regardait ses notes, et il disait que c’est regrettable. 

Selon les voisins, il y a souvent des inconnus qui apparaissent dans le quartier ce dernier temps. Ces gens semblent de surveiller quelqu’un 24h/24. Il s’agit enfin de la petite étudiante qui est surveillée. Quand nous demandons le numéro de M. Phong afin de lui contacter, Phuong n’ose pas nous le donner. Elle a simplement très peur. La mère de Uyen n’a pas d’autres choix que de rentrer chez elle, en gardant un petit espoir que la police - ceux qui sont censés de veiller notre sécurité – lui informera où se trouve sa fille. 

Nous l’accompagnons à la gare dans un après midi pluvieux. Pour le moment, elle doit laisser à côté la douleur sur la disparition de sa fille, pour s’occuper premièrement de l’hospitalisation de sa mère. 

20/10/2012

Traduit par P.H.V